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Des Martyrs de la Cause Amazighe au Maroc

En réponse à Mr. Ahmed Aassid

Le mensuel « Le Courrier de l’Atlas » de cet été n°61 de juillet-août, distribué en France et au Maroc comporte un dossier sur la question amazigh en Algérie et au Maroc, ainsi qu’un interview de penseur Ahmed Aassid. En page 61, ce dernier, en faisant la comparaison entre le mouvement amazigh algérien et marocain, a affirmé textuellement ce qui suit : « Je reviens aux Kabyles pour préciser qu’ils bénéficient d’un fort ancrage auprès de la population mais ne sont pas parvenus à réaliser les mêmes objectifs que nous. Par exemple, le printemps noir de 2001 en Kabylie a coûté la vie de 126 personnes. Le Printemps berbère de 1980 a connu des victimes et des prisonniers, mais sans résultats. Au Maroc, heureusement, nous ne comptons aucun mort et en revanche nous avons obtenus des acquis ». Des acquis en se référant surement à la création de l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), à l’enseignement (très limitée) de la langue amazighe, au lancement de la chaîne télé amazighe TV8, et surtout à la consécration de la langue amazighe en tant que langue officielle dans la nouvelle constitution du 1er juillet 2011.

Ce que j’aimerais rappeler et souligner à notre intellectuel Aassid, c’est que ces acquis ne se sont pas tombés du ciel, ni octroyés généreusement par les autorités marocaines !!! En fin de compte ce sont des acquis qui nous ont coûté pas mal de sacrifices humains, des martyrs et d’innombrables et interminables victimes. En commençant par les assassinats politiques et tortures inhumaines des figures distinguées de l’Armée de Libération dont feu Abbass Messaadi (voir Le Monde Amazigh n°16 de février 2002  et n°111 du mois d’août 2009), et qui ont été liquidés par les milices de Parti de l’Istiqlal, parce que ces révolutionnaires des années cinquante étaient des Amazighs et parlaient tous tamazight; des sacrifices humains de larges communautés comme les massacres sanglants des innocents du Rif en 1958-59 (et qui constituent un crime contre l’humanité) et la répression des partisans d’Addi Ou Bihi au sud-est…Toujours parce qu’ils étaient des Amazighs qui s’opposaient farouchement à la politique hégémonique et idéologique de l’Istiqlal, et de sa politique d’arabisation qui a conduit l’école marocaine à la faillite totale, comme en atteste le dernier rapport de l’UNESCO. Il faut signaler aussi des victimes de prestigieux linguistes amazighs, en l’occurrence le cas de feu Boujemaâ Habbaz, qui avait été kidnappé en 1980 à la rue de Moulouya d’Agdal et porté disparu jusqu’à ce que l’Etat policier marocain reconnaît sa responsabilité totale de son assassinat au commissariat de Rabat (voir : pages 2 et 7 du n°125 de mois de novembre 2010 de Le Monde Amazigh sur http://www.amadalpresse.com/images/archive/125.pdf).

Aussi, il ne faut pas oublier feu Cadi Kaddour qui est tombé mort (-et sa femme morte après un coma de plus de six ans après le même accident-) dans un accident de circulation qui a eu lieu dans d’obscures conditions, juste après avoir été invité par les autorités hollandaises pour l’enseignement de la langue amazighe aux enfants d’immigrés rifains en septembre 1995…Sans parler de ceux qui se sont emprisonnés pour la simple raison d’écrire en tifinagh comme l’avocat Hassan Id Belkacem et les militants amazighs de l’association Tilelli au défilé de premier mai de 1994, sans oublier l’emprisonnement d’Ali Sadqi Azaykou et des  « prisonniers politiques » de MCA dont Mustapha Oussaya et Hamid Adouch qui sont toujours sous les verrous à cause de leur défense en faveur de l’amazighité…

Ce sont ces sacrifices,  ces martyrs et le militantisme désintéressé de milliers d’honnêtes militants amazighs qui ont contribué, -et qui continuent à contribuer toujours- à arracher des droits au pouvoir despote arabo-islamiste de l’Etat marocain et à imposer le caractère officiel de leur millénaire langue amazighe, à travers leurs manifestations, leurs tawadas, leurs sit-in et les rapports des violations des droits humains de leurs ONG’s aux instances internationales comme l’ONU et le Parlement Européen…Et ce ne sont pas de tout des « baltajiya » que Mr. Ahmed Aassid essaie de blanchir infructueusement dans ses émissions télévisées de TAMAZIGHT TV!

Publié in Le Monde Amazigh, septembre 2012.